lundi 24 novembre 2014

Les Liaisons, lettre 4







Lettre 4, Les Liaisons dangereuses


Introduction

Après avoir présenté le siècle des Lumières, Choderlos de Laclos, et son œuvre les Liaisons dangereuses, pensez à situer la lettre. Ici : LETTRE 4, première lettre de Vlalmont à la marquise de Merteuil. Première fois qu’on entend le libertin, qui prend la parole après trois lettres « féminines ».
Lettre qui met tout de suite en place les rapports entre les deux libertins du roman, et leur combat d’orgueil.

Problématiques possibles :

·         Lettre considérée comme un « incipit », qui annonce la suite du roman
·         Que portrait de Valmont est dressé par l’intermédiaire de cette lettre ?
·         Quels sont les personnages présentés par cette lettre ?


Proposition de plan, à adapter à la question posée (par exemple en reformulant les titres des parties, ou en organisant différemment les remarques)

I.                    Les rapports entre le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil

1)      Le temps des regrets ?

·         1er mouvement de la lettre : rappel des amours passées
Procédé de double énonciation, qui permet au lecteur d’en apprendre davantage sur les rapports entre les deux personnages : « Ce n’est pas la première fois, comme vous savez… » / « le temps où vous m’honoriez… » / « vous saurez donc… »
·         Mais évocations sont en fait ironiques ; cf. les antithèses : « ordres charmants » / « chérir le despotisme » / « regretter d’être votre esclave »
·         S’achève sur un paradoxe : « exemple de constance au monde »
·         Opposition entre « je » de Valmont et « vous » de la marquise, hypocritement réunis dans le pronom « nous »
·         En réalité, Valmont refuse la demande de la marquise, ce qui va susciter sa colère

2)      Des flatteries hypocrites (= flagorneries)

·         Valmont s’adresse à la marquise à l’aide d’apostrophes affectueuses en apparence : « ma très belle marquise » / « ma belle amie » / « ma très belle amie »
·         Cf. aussi la périphrase qui désignela marquise : « dépositaire de tous les secrets de mon  cœur »
·         Appels à ne pas se fâcher : « soit dit sans vous fâcher » + impératifs « Ne vous fâchez pas et écoutez-moi » / « sans rancune »
·         En réalité, le ton est très hypocrite, et vise à dévaloriser les ordres de la marquise. Valmont se présente comme un être passif, forcé de désobéir à la marquise (voix passive et COD : « Je me vois forcé de vous désobéir »)






II.                  Les portraits de femmes

1)      Cécile de Volanges

·         « une jeune fille » : généralité, suivi de 4 subordonnées relatives qui mettent au jour son innocence, voire son ignorance, et traduisent la trop grande facilité de la tâche (« n’a rien, ne connaît rien », « sans défense »…)
·         Une proie trop facile, indigne d’un vrai libertin, à l’inverse de la Présidente à laquelle la jene fille s’oppose (« Il n’en est pas ainsi de l’entreprise qui m’occupe »)

2)      La présidente de Tourvel

·         Femme devenue objet dans le discours de Valmont : « l’entreprise », « Voilà ce que j’attaque »
·         Femme à conquérir (cf. discours libertins) : « l’ennemi digne de moi » / « le but où je prétends atteindre »
·         Valmont présente aussi une femme exagérément pieuse, quasiment inattaquable : cf. le rythme ternaire (insistance) : « sa dévotion, son amour conjugal, ses principes austères », repris par le rythme ternaire « voilà ce que j’attaque ; voilà l’ennemi digne de moi ; voilà le but où je prétends atteindre »
·         Femme triste et seule : périphrase « son inconsolable moitié », et énumération des activités marquées par des adjectifs péjoratifs : « affligeant, solitaires, seules »
ð  Portrait d’une véritable conquête à faire, digne d’un des plus grands libertins, d’une femme présentée dans son rapport à son mari et à Dieu. Image proche de celle de la vieille tante

3)      La vieille tante

·         Femme pieuse et bornée, qui ne comprend pas le double discours de son neveu
·         Présentation moqueuse, le libertin ne respecte pas non plus sa famille : « éternelle tante », pour qui « se sacrifie » Valmont (x2)
·         Femme pieuse elle aussi : « ses prières, sa messe »


III.                Le portrait d’un libertin amoureux

1)      Le projet libertin

L’argumentation
·         Discours contruit, cultivé : citation (critique) de La Fontaine
·         Argumentation rigoureuse (cf. connecteurs logiques qui structurent le discours)

La guerre
·         Champ lexical de la guerre : la conquête amoureuse est l’union de la gloire et du plaisir : voir tout le 2e paragraphe (« entreprise, gloire, couronne, myrte, laurier, triomphe »)
ð  Le libertin est un être calculateur, un être de projet, ambitieux (voir aussi les superlatifs « le plus grand projet que j’aie jamais formé »)

Le blasphème
·         Champ lexical de la religion : blasphème libertin
·         Prière finale à la jouissance : apostrophe, tutoiement (« Ô délicieuse jouissance ! je t’implore… »)
ð  Occasion pour Valmont d’accorder (en apparence) une certaine puissance à la marquise (« Vous mesuivez au moins d’un pas égal » / « vous avez fait plus de prosélytes que moi » / « vous seriez un  jour la Patronne (…) au plus un Saint de village »)

2)      Le vocabulaire de l’amour

·         Champ lexical du désir et de la passion (« passion forte » / « je désire » « ardeur du désir »)
·         La présidente est une véritable obsession : formule restrictive « je n’ai qu’une idée », mise en valeur par le parallélisme antithétique « jour / nuit »
·         Présidente présentée comme un besoin (vital ?) : « bien besoin d’avoir cette femme »
ð  Seule la possession charnelle ferait cesse l’obsession
ð  L’opposition entre les deux femmes (Merteuil vs. Tourvel) est particulièrement marquée dans la fin de la lettre, lorsque Valmont oppose la très pieuse et fidèle présidente à la marquise, « femme(s) facile(s) » ; aux pieds de laquelle il se présente en dévotion (hypocrite, là encore)



Conclusion :

Lettre qui présente l’un des perso principaux, avec ses défauts (calculateur, manipulateur) mais aussi ses qualités (brillant).
Annonce la tragédie qui se met en place dès le début, par les défis que les libertins se lancent.
Horizon d’attente : la présidente va-t-elle céder ?

Ouverture possible :
Tirade de l’inconstance de Dom Juan, qui utilise les mêmes procédés argumentatifs, les mêmes champs lexicaux, etc.


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