jeudi 6 novembre 2014

La copie de Farah (1eS1)





La copie de Farah, à peine corrigée.
Cette copie a l'énorme avantage d'être bien construite et bien rédigée, et surtout, Farah a vraiment essayé d'interpréter le texte, et c'est tout à son honneur!

Vous trouverez ici un corrigé plus complet, mais aussi plus difficile à reproduire ;-)



[accroche] Le XXe siècle est un siècle traversé par les guerres. En effet, il est rythmé par les deux guerres mondiales et les totalitarismes. La littérature française est très marquée par ces traumatismes, et va s’en inspirer. Le mouvement de l’absurde apparaît dans la continuité du Nouveau Roman, où les personnages perdaient leur identité. A l’inverse, l’absurde restaure les caractères identitaires, psychologiques et mentaux de ses personnages. Ce mouvement connaît deux périodes : tout d’abord, le théâtre de l’absurde, avec Ionesco, Beckett et Adamov en chefs de file. [présentation de l’auteur] Ensuite, la philosophie de l’absurde, conduite par Camus, fit son apparition. La philosophie de l’absurde consiste à s’éveiller et à prendre conscience que l’on va mourir. L’Homme qui s’éveille possède alors trois choix : soit il se « rendort » (il ne pense plus à la mort et mène sa vie pareillement), soit il se suicide, ou bien il décide de donner un sens à sa vie. L’Etranger de Camus raconte la vie d’un personnage, Meursault, qui s’éveille et donne un sens à sa vie. [présentation de l’extrait] L’extrait soumis à notre étude est un extrait de Caligula de Camus, pièce issue de son premier cycle d’œuvres, le « cycle de l’absurde ». Il constitue l’acte IV scène 14, c’est-à-dire le dénouement de la pièce. [problématique + plan] Ainsi, nous pouvons nous demander quels sont les enjeux de ce passage, aussi bien au niveau de l’action que de la symbolique du personnage éponyme. Nous verrons tout d’abord que Caligula dresse dans sa tirade le bilan de son action, puis que le dénouement est tragique, spectaculaire et riche de sens.



                  [rappel de l’axe et des sous-parties] Dans cette première partie consacrée au bilan de l’action de Caligula, nous analyserons d’abord que le regret gagne le personnage de l’empereur, puis qu’il décide de changer de conduite avant la mort. Enfin, nous nous focaliserons sur la théâtralité du personnage, entre arrogance et peur.
                  [1e sous-partie] En premier lieu, on relève que Caligula éprouve des remords suite à sa conduite lors de son règne. En effet, Caligula s’exprime au conditionnel, comme le montrent les verbes « serait » (l.10), « aurait » (l.10) et « suffirait » (l.13) : cet emploi exprime la condition et l’hypothèse, ce qui souligne les regrets éprouvés par Caligula. De plus, l’emploi de ce mode est renforcé par le rythme binaire auquel il est associé : « Si j’avais eu la lune, si l’amour suffisait… » (l.9/10), « Quel cœur, quel dieu aurait pour moi… » (l.10/11), « Je sais pourtant et tu le sais aussi » (l.12). Ici, le rythme binaire retentit comme un coup que Caligula aurait pu éviter s’il avait été un meilleur empereur.
[2e sous-partie] En deuxième lieu, Caligula décide de changer avant sa mort, suite aux remords qu’il éprouve. On relève un euphémisme, « le grand vide où le cœur s’apaise » (l.5/6), qui traduit la peur du personnage, incapable de prononcer le mot « mort ». Ce procédé est renforcé par la répétition du terme « peur » (l.3 et 5) : le personnage met en valeur sa peur, et donc ses sentiments, ce qui constitue un changement dans son comportement, lui qui fut dément et sans pitié tout au long de la pièce. De plus, on relève une ponctuation forte, avec la présence d’interjections telles que « Oh ! » (l.17) et de points d’exclamation aux lignes 13, 17 et 18, qui traduisent l’expression des émotions et donc soulignent d’autant plus le changement de Caligula, amenant la théâtralité du personnage.
[3e sous-partie] Enfin, on constate en effet que Caligula théâtralise la scène. Dans cette tirade, on remarque que les didascalies sont très présentes ; on relève par exemple « s’agenouillant et pleurant » (l.11), « il tend les mains vers le miroir en pleurant » (l.12/13), et « criant » (l.15), didascalies qui rendent la scène pathétique, voire tragique. De plus, les répétitions de la ligne 17 « Hélicon ! Hélicon ! Rien ! Rien encore ! » soulignent cet aspect théâtral.
[bilan-transition] Caligula est un personnage qui dresse le bilan de sa vie, mais tente de changer certains aspects de son caractère. Son attitude face au miroir donne à ce dénouement un aspect tragique, spectaculaire et riche de sens.



[rappel de l’axe et des sous-parties] Nous allons voir à présent, dans la partie consacrée aux enjeux du dénouement, que cette fin fait écho à la tragédie grecque, qu’elle est particulièrement spectaculaire et qu’elle s’inscrit dans la philosophie de l’absurde.
                  [1e sous-partie] Tout d’abord, on relève que cette fin est tragique car Caligula meurt à la fin. Cependant, dès le début de la scène, un engrenage tragique se met en place grâce aux remords qu’éprouve le personnage, mais également grâce à la didascalie « hagard » (l.1), qui installe immédiatement une tension dramatique. Ainsi, la ponctuation et les didascalies qui révèlent la théâtralité du personnage amènent également une dramatisation de la scène.
[2e sous-partie] Ensuite, le dénouement est spectaculaire par le fait qu’un registre épique s’installe à travers les didascalies : « Des bruits d’armes et de chuchotements » (l.21), « entrent les conjurés en arme » (l.31/32), « le vieux patricien le frappe […] Chéréa en pleine figure » (l.32/33) sont autant d’expressions qui accentuent la violence de cet homicide. Le dénouement est spectaculaire car la bataille a lieu sur scène et la violence est explicite. De plus, on relève un événement fantastique exposé par la didascalie ligne 25, « Une main invisible poignarde Hélicon », qui traduit mieux encore l’aspect singulier de ce dénouement.
[3e sous-partie] Enfin, ce dénouement s’inscrit dans la lignée de la philosophie de l’absurde. En effet, Caligula s’éveille dans cette scène et cherche à corriger ses erreurs, mais en vain. Il a tenté de trouver « l’impossible », c’est-à-dire l’immortalité, en incarnant lui-même le destin de son peuple. Mais il n’échappe pas à la mort, et cette prise de conscience l’amène à revoir tout le sens qu’il a donné à sa vie, et qu’il regrette à présent. Ainsi, Camus essaye d’instruire le lecteur ou le spectateur en lui faisant prendre conscience que l’éveil doit se faire le plus tôt possible.



[conclusion] Caligula est un personnage qui dresse le bilan des actions qu’il a effectuées tout au long de la pièce. Il tente de changer pour corriger son attitude, mais en vain. Ce dénouement est tragique en raison de la mort de l’empereur et de celle de son compagnon Hélicon, mais il est surtout spectaculaire et riche de sens, c’est-à-dire que Camus essaye, par le biais de son théâtre, d’instruire le spectateur et de lui faire comprendre le principe de la prise de conscience de l’absurde. Cette œuvre n’est pas sans évoquer le roman appartenant au même cycle, L’Etranger, car on pourrait rapprocher les deux éveils, au seuil de leur mort, de Meursault et de Caligula.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire