Lettre 4,
Les Liaisons dangereuses
Introduction
Après avoir présenté le siècle des Lumières, Choderlos
de Laclos, et son œuvre les Liaisons
dangereuses, pensez à situer la lettre. Ici : LETTRE 4, première lettre de Vlalmont à la marquise de Merteuil.
Première fois qu’on entend le libertin, qui prend la parole après trois lettres
« féminines ».
Lettre qui met tout de suite en place les rapports
entre les deux libertins du roman, et leur combat d’orgueil.
Problématiques possibles :
·
Lettre considérée comme un « incipit »,
qui annonce la suite du roman
·
Que portrait de Valmont est dressé par l’intermédiaire
de cette lettre ?
·
Quels sont les personnages présentés par cette
lettre ?
Proposition de plan, à adapter à la question
posée (par exemple en reformulant les titres des parties, ou en organisant
différemment les remarques)
I.
Les rapports entre le vicomte de Valmont
et la marquise de Merteuil
1) Le
temps des regrets ?
·
1er mouvement de la lettre :
rappel des amours passées
Procédé de double énonciation, qui permet au
lecteur d’en apprendre davantage sur les rapports entre les deux personnages :
« Ce n’est pas la première fois, comme vous savez… » / « le
temps où vous m’honoriez… » / « vous saurez donc… »
·
Mais évocations sont en fait ironiques ;
cf. les antithèses : « ordres charmants » / « chérir le
despotisme » / « regretter d’être votre esclave »
·
S’achève sur un paradoxe : « exemple
de constance au monde »
·
Opposition entre « je » de Valmont et « vous »
de la marquise, hypocritement réunis dans le pronom « nous »
·
En
réalité, Valmont refuse la demande de la marquise, ce qui va susciter sa colère
2) Des
flatteries hypocrites (= flagorneries)
·
Valmont s’adresse à la marquise à l’aide d’apostrophes
affectueuses en apparence : « ma très belle marquise » / « ma
belle amie » / « ma très belle amie »
·
Cf. aussi la périphrase qui désignela marquise :
« dépositaire de tous les secrets de mon
cœur »
·
Appels à ne pas se fâcher : « soit dit
sans vous fâcher » + impératifs « Ne vous fâchez pas et écoutez-moi »
/ « sans rancune »
·
En réalité, le ton est très hypocrite, et vise à
dévaloriser les ordres de la marquise. Valmont se présente comme un être
passif, forcé de désobéir à la marquise (voix passive et COD : « Je
me vois forcé de vous désobéir »)
II.
Les portraits de femmes
1) Cécile
de Volanges
·
« une jeune fille » : généralité,
suivi de 4 subordonnées relatives qui mettent au jour son innocence, voire son
ignorance, et traduisent la trop grande facilité de la tâche (« n’a rien,
ne connaît rien », « sans défense »…)
·
Une proie trop facile, indigne d’un vrai
libertin, à l’inverse de la Présidente à laquelle la jene fille s’oppose (« Il
n’en est pas ainsi de l’entreprise qui m’occupe »)
2) La
présidente de Tourvel
·
Femme devenue objet dans le discours de Valmont :
« l’entreprise », « Voilà ce
que j’attaque »
·
Femme à conquérir (cf. discours libertins) :
« l’ennemi digne de moi » / « le but où je prétends atteindre »
·
Valmont présente aussi une femme exagérément
pieuse, quasiment inattaquable : cf. le rythme ternaire (insistance) : « sa
dévotion, son amour conjugal, ses principes austères », repris par le
rythme ternaire « voilà ce que j’attaque ; voilà l’ennemi digne de
moi ; voilà le but où je prétends atteindre »
·
Femme triste et seule : périphrase « son
inconsolable moitié », et énumération des activités marquées par des
adjectifs péjoratifs : « affligeant, solitaires, seules »
ð Portrait
d’une véritable conquête à faire, digne d’un des plus grands libertins, d’une
femme présentée dans son rapport à son mari et à Dieu. Image proche de celle de
la vieille tante
3) La
vieille tante
·
Femme pieuse et bornée, qui ne comprend pas le
double discours de son neveu
·
Présentation moqueuse, le libertin ne respecte
pas non plus sa famille : « éternelle tante », pour qui « se
sacrifie » Valmont (x2)
·
Femme pieuse elle aussi : « ses
prières, sa messe »
III.
Le portrait d’un libertin amoureux
1) Le
projet libertin
L’argumentation
·
Discours contruit, cultivé : citation
(critique) de La Fontaine
·
Argumentation rigoureuse (cf. connecteurs
logiques qui structurent le discours)
La guerre
·
Champ lexical de la guerre : la conquête
amoureuse est l’union de la gloire et du plaisir : voir tout le 2e
paragraphe (« entreprise, gloire, couronne, myrte, laurier, triomphe »)
ð Le
libertin est un être calculateur, un être de projet, ambitieux (voir aussi les
superlatifs « le plus grand projet que j’aie jamais formé »)
Le blasphème
·
Champ lexical de la religion : blasphème
libertin
·
Prière finale à la jouissance : apostrophe,
tutoiement (« Ô délicieuse jouissance ! je t’implore… »)
ð Occasion
pour Valmont d’accorder (en apparence) une certaine puissance à la marquise (« Vous
mesuivez au moins d’un pas égal » / « vous avez fait plus de
prosélytes que moi » / « vous seriez un jour la Patronne (…) au plus un Saint de
village »)
2) Le
vocabulaire de l’amour
·
Champ lexical du désir et de la passion (« passion
forte » / « je désire » « ardeur du désir »)
·
La présidente est une véritable obsession :
formule restrictive « je n’ai qu’une idée », mise en valeur par le
parallélisme antithétique « jour / nuit »
·
Présidente présentée comme un besoin (vital ?) :
« bien besoin d’avoir cette femme »
ð Seule
la possession charnelle ferait cesse l’obsession
ð L’opposition
entre les deux femmes (Merteuil vs. Tourvel) est particulièrement marquée dans
la fin de la lettre, lorsque Valmont oppose la très pieuse et fidèle présidente
à la marquise, « femme(s) facile(s) » ; aux pieds de laquelle il
se présente en dévotion (hypocrite, là encore)
Conclusion :
Lettre qui présente l’un des perso principaux, avec
ses défauts (calculateur, manipulateur) mais aussi ses qualités (brillant).
Annonce la tragédie qui se met en place dès le
début, par les défis que les libertins se lancent.
Horizon d’attente : la présidente va-t-elle
céder ?
Ouverture possible :
Tirade de l’inconstance de Dom Juan, qui utilise
les mêmes procédés argumentatifs, les mêmes champs lexicaux, etc.
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