La copie de Farah, à peine corrigée.
Cette copie a l'énorme avantage d'être bien construite et bien rédigée, et surtout, Farah a vraiment essayé d'interpréter le texte, et c'est tout à son honneur!
Vous trouverez ici un corrigé plus complet, mais aussi plus difficile à reproduire ;-)
[accroche]
Le XXe siècle est un siècle traversé par les guerres. En effet, il est rythmé
par les deux guerres mondiales et les totalitarismes. La littérature française
est très marquée par ces traumatismes, et va s’en inspirer. Le mouvement de
l’absurde apparaît dans la continuité du Nouveau Roman, où les personnages
perdaient leur identité. A l’inverse, l’absurde restaure les caractères
identitaires, psychologiques et mentaux de ses personnages. Ce mouvement
connaît deux périodes : tout d’abord, le théâtre de l’absurde, avec
Ionesco, Beckett et Adamov en chefs de file. [présentation
de l’auteur] Ensuite, la philosophie de l’absurde, conduite par
Camus, fit son apparition. La philosophie de l’absurde consiste à s’éveiller et
à prendre conscience que l’on va mourir. L’Homme qui s’éveille possède alors
trois choix : soit il se « rendort » (il ne pense plus à la mort
et mène sa vie pareillement), soit il se suicide, ou bien il décide de donner
un sens à sa vie. L’Etranger de Camus raconte la vie d’un personnage,
Meursault, qui s’éveille et donne un sens à sa vie. [présentation
de l’extrait] L’extrait soumis à notre étude est un extrait de Caligula
de Camus, pièce issue de son premier cycle d’œuvres, le « cycle de
l’absurde ». Il constitue l’acte IV scène 14, c’est-à-dire le dénouement
de la pièce. [problématique + plan]
Ainsi, nous pouvons nous demander quels sont les enjeux de ce passage, aussi
bien au niveau de l’action que de la symbolique du personnage éponyme. Nous
verrons tout d’abord que Caligula dresse dans sa tirade le bilan de son action,
puis que le dénouement est tragique, spectaculaire et riche de sens.
[rappel de l’axe et des sous-parties] Dans
cette première partie consacrée au bilan de l’action de Caligula, nous
analyserons d’abord que le regret gagne le personnage de l’empereur, puis qu’il
décide de changer de conduite avant la mort. Enfin, nous nous focaliserons sur
la théâtralité du personnage, entre arrogance et peur.
[1e sous-partie] En premier lieu, on relève
que Caligula éprouve des remords suite à sa conduite lors de son règne. En
effet, Caligula s’exprime au conditionnel, comme le montrent les verbes
« serait » (l.10), « aurait » (l.10) et « suffirait »
(l.13) : cet emploi exprime la condition et l’hypothèse, ce qui souligne
les regrets éprouvés par Caligula. De plus, l’emploi de ce mode est renforcé
par le rythme binaire auquel il est associé : « Si j’avais eu la
lune, si l’amour suffisait… » (l.9/10), « Quel cœur, quel dieu aurait
pour moi… » (l.10/11), « Je sais pourtant et tu le sais aussi »
(l.12). Ici, le rythme binaire retentit comme un coup que Caligula aurait pu
éviter s’il avait été un meilleur empereur.
[2e
sous-partie] En deuxième lieu, Caligula décide de changer avant sa
mort, suite aux remords qu’il éprouve. On relève un euphémisme, « le grand
vide où le cœur s’apaise » (l.5/6), qui traduit la peur du personnage,
incapable de prononcer le mot « mort ». Ce procédé est renforcé
par la répétition du terme « peur » (l.3 et 5) : le personnage
met en valeur sa peur, et donc ses sentiments, ce qui constitue un changement
dans son comportement, lui qui fut dément et sans pitié tout au long de la
pièce. De plus, on relève une ponctuation forte, avec la présence d’interjections
telles que « Oh ! » (l.17) et de points d’exclamation aux lignes
13, 17 et 18, qui traduisent l’expression des émotions et donc soulignent
d’autant plus le changement de Caligula, amenant la théâtralité du personnage.
[3e
sous-partie] Enfin, on constate en effet que Caligula
théâtralise la scène. Dans cette tirade, on remarque que les didascalies sont
très présentes ; on relève par exemple « s’agenouillant et
pleurant » (l.11), « il tend les mains vers le miroir en
pleurant » (l.12/13), et « criant » (l.15), didascalies qui
rendent la scène pathétique, voire tragique. De plus, les répétitions de la
ligne 17 « Hélicon ! Hélicon ! Rien ! Rien
encore ! » soulignent cet aspect théâtral.
[bilan-transition] Caligula
est un personnage qui dresse le bilan de sa vie, mais tente de changer certains
aspects de son caractère. Son attitude face au miroir donne à ce dénouement un
aspect tragique, spectaculaire et riche de sens.
[rappel
de l’axe et des sous-parties] Nous allons voir à présent, dans la
partie consacrée aux enjeux du dénouement, que cette fin fait écho à la
tragédie grecque, qu’elle est particulièrement spectaculaire et qu’elle
s’inscrit dans la philosophie de l’absurde.
[1e sous-partie] Tout d’abord, on relève
que cette fin est tragique car Caligula meurt à la fin. Cependant, dès le début
de la scène, un engrenage tragique se met en place grâce aux remords qu’éprouve
le personnage, mais également grâce à la didascalie « hagard » (l.1),
qui installe immédiatement une tension dramatique. Ainsi, la ponctuation et les
didascalies qui révèlent la théâtralité du personnage amènent également une
dramatisation de la scène.
[2e
sous-partie] Ensuite, le dénouement est spectaculaire par le
fait qu’un registre épique s’installe à travers les didascalies :
« Des bruits d’armes et de chuchotements » (l.21), « entrent les
conjurés en arme » (l.31/32), « le vieux patricien le frappe […]
Chéréa en pleine figure » (l.32/33) sont autant d’expressions qui
accentuent la violence de cet homicide. Le dénouement est spectaculaire car la
bataille a lieu sur scène et la violence est explicite. De plus, on relève un
événement fantastique exposé par la didascalie ligne 25, « Une main
invisible poignarde Hélicon », qui traduit mieux encore l’aspect singulier
de ce dénouement.
[3e
sous-partie] Enfin, ce dénouement s’inscrit dans la lignée de la
philosophie de l’absurde. En effet, Caligula s’éveille dans cette scène et
cherche à corriger ses erreurs, mais en vain. Il a tenté de trouver
« l’impossible », c’est-à-dire l’immortalité, en incarnant lui-même
le destin de son peuple. Mais il n’échappe pas à la mort, et cette prise de
conscience l’amène à revoir tout le sens qu’il a donné à sa vie, et qu’il
regrette à présent. Ainsi, Camus essaye d’instruire le lecteur ou le spectateur
en lui faisant prendre conscience que l’éveil doit se faire le plus tôt
possible.
[conclusion]
Caligula est un personnage qui dresse le bilan des actions qu’il a effectuées
tout au long de la pièce. Il tente de changer pour corriger son attitude, mais
en vain. Ce dénouement est tragique en raison de la mort de l’empereur et de
celle de son compagnon Hélicon, mais il est surtout spectaculaire et riche de
sens, c’est-à-dire que Camus essaye, par le biais de son théâtre, d’instruire
le spectateur et de lui faire comprendre le principe de la prise de conscience
de l’absurde. Cette œuvre n’est pas sans évoquer le roman appartenant au même
cycle, L’Etranger, car on pourrait rapprocher les deux éveils, au seuil
de leur mort, de Meursault et de Caligula.
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