lundi 9 mars 2015

Corrigé du DST




Voici la copie de Thomas LCT (1e ES1), notée 16/20. 
Tout n'est pas parfait, et le texte était si riche qu'il n'était pas possible de tout dire ! Cependant, la copie de Thomas fait preuve d'une excellente méthode, qui rend la lecture du commentaire très claire et très fluide, et d'un style approprié à un devoir de bac. Les citations en particulier sont bien intégrées dans le corps du développement.

Pour ceux que ça amuseraient, voici un lien vers le texte original de Saint Paul (il faut aller jusqu'au verset 22 !).



[1. accroche sur le thème] Le combat féministe a été le sujet central de nombreux écrivains au fil des années. Des femmes engagées comme George Sand ou Simone de Beauvoir ont lutté une grande partie de leur vie contre l’assujettissement des femmes et la domination masculine. Ce combat existe depuis des années, et déjà les philosophes des Lumières remettent en question l’exercice d’une direction menée par une majorité sur une minorité. Les différentes mesures liées au droit de divorce ou au droit de vote ont permis une émancipation progressive de la femme dans la société et dans le rapport aux hommes. Dieu a dit : « Tes désirs te porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi. » c’est aujourd’hui un combat quotidien de contredire ces paroles pour s’attacher à celles de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient. » [2. présentation de l’auteur] Voltaire fut l’un des premiers à rejeter le pouvoir de l’homme sur la femme, dès le XVIIIe siècle, avec son texte « Femmes, soyez soumises à vos maris », daté de 1768. [3. présentation du texte] Dans l’extrait choisi, une femme, la maréchale de Grancey, se révolte contre l’autorité masculine. [4. Problématique et plan] Quels sont les aspects de la révolte de cette femme ? Nous étudierons dans un premier temps le portrait de cette femme révoltée, avant de nous intéresser à son désir de changer les mentalités.


[I. Annonce de l’axe principal et des 2 sous-parties] Ce texte dresse dans un premier temps le portrait d’une femme cultivée (1) qui est prête à se révolter (2).
[1e argument] Tout d’abord, nous voyons que cette femme cherche à se cultiver. Dès la ligne 2, l’expression « elle voulut lire » nous indique sa volonté d’avoir accès au savoir. Cette idée est renforcée dans la suite du texte avec la présence de grands auteurs : « Racine, (l.2, « Montaigne » (l.4), « Plutarque » (l.5). De plus, on voit que cette femme prend plaisir à se cultiver, comme le met en lumière le terme « plaisir » à la ligne 3. Nous le voyons aussi avec les verbes de sensations associés à la lecture : « sentir » (l.3) et « éprouvée » (l.3). La ligne 30 offre également un bon exemple de l’érudition de cette femme : « Je me souviens bien que Molière a dit… » : la maréchale connaît donc de grands auteurs et se souvient même de leurs paroles. Sa culture est aussi mise en évidence par le fait qu’elle sait manier les formes argumentatives pour convaincre son auditoire. Elle utilise des questions rhétoriques, comme aux lignes 20, 23 ou encore 33. (citer). De plus, elle utilise des arguments d’autorité, comme la référence à Molière ligne 30 qui marque une étape de son raisonnement, ou encore l’exemple d’une « princesse allemande » ligne 38. Ainsi, toute l’érudition de la maréchale réside dans son envie de compléter le savoir qu’elle possède déjà et dans son argumentation précise.
[2e argument] Mais cette femme apparaît également comme révoltée. La révolte débute à la ligne 7, avec l’expression « toute rouge de colère », qui met en lumière l’énervement de la maréchale face à la situation. Nous comprenons les raisons de son emportement à la ligne 10, grâce à un rapport de cause-conséquence : en effet, après avoir été amenée à feuilleter un ouvrage qui lui a déplu, la conséquence est immédiate. Cela se traduit par la cause : « j’y ai vu ces paroles », et par la conséquence : « j’ai jeté le livre ». Cependant, la maréchale va tout de même mettre des mots sur ce qu’elle ressent, avec des termes très forts. Premièrement, elle va s’en prendre à l’homme qui a écrit ces paroles qui la révoltent ; elle utilise l’expression au superlatif « très impoli » (l.13), renforcée par un autre superlatif : « très difficile à vivre » (l.14). Par ces expressions, la maréchale porte un jugement péjoratif sur cet homme, et elle le dénigre même à la ligne 14, en utilisant le pronom possessif : « votre Saint-Paul ». Cela traduit un certain manque de respect de la part de la maréchale, qui se dédouane totalement de l’argument d’autorité incarné par Saint-Paul. Par ailleurs, ce manque de respect est renforcé à la fin du texte, où elle insulte clairement les cibles qu’elle a choisies, avec le terme « imbéciles » (l.41). Cette insulte contre les institutions religieuses est accentuée par le chiasme : « qui nous apprennent ce qu’il faut ignorer, et qui nous laisse ignorer ce qu’il faut apprendre » (l.41/42).
[bilan I / transition II] Voltaire nous présente donc dans ce texte une femme pleine de connaissances, qui est amenée à se révolter contre des paroles qui la saisissent. Néanmoins, sa révolte n’est pas vaine, elle utilise sa colère pour transmettre un message lié à la nécessité des changements.


[II. Annonce de l’axe principal et des 2 sous-parties] Le changement que souhaite opérer cette femme mise en vie par Voltaire, se traduit par une volonté de changer les mentalités sur la condition des femmes dans la société en rejetant l’autorité masculine (1) pour mettre l’homme et la femme sur le même pied d’égalité (2).
[1e argument] Dans un premier temps, Voltaire incorpore à son texte des éléments montrant la supériorité supposée des hommes. La femme qu’il nous présente est d’abord sous influence, avant qu’elle ne se révolte. Son envie de connaissances semble lui être dictée, comme le montrent les deux phrases « On lui fit lire » (l.4) « on lui donna ensuite » (l.5). Ici, la femme est complément d’objet indirect. Le pronom personnel indéfini « on » qui traite d’une supériorité abstraite est sujet des phrases tandis que « lui » insiste sur le fait que la maréchale subit l’action. Malgré son envie de révolte, elle subit donc tout de même l’influence autoritaire sans doute instiguée par des hommes. Mais encore, les petits sous-entendus de soumission imposés par Voltaire sont mis en lumière à la ligne 5 avec le verbe conjugué « doutait ». Ici, l’homme qui converse avec la femme doute du bien fondé de son savoir. Voltaire a voulu montrer que la révolte de cette femme n’est pas sans cause, car le sexisme est apparent dans les relations entre les êtres. Pour finir sur ce point, la phrase à valeur injonctive de la ligne 12 : « comment, madame ! », prouve que l’abbé ne comprend pas la réaction de la maréchale, et donc qu’il accepte les propos tenus par Saint Paul. Cet homme va d’ailleurs utiliser saint Paul en argument d’autorité dans la suite du texte : « Savez-vous bien que ce sont les épîtres de Saint Paul ? ». Ces paroles prouvent que non seulement il accepte, mais qu’il approuve ces idées au nom de l’autorité du saint.
[2e argument] Dans un second temps, cette femme rejette l’autorité masculine pour mettre les deux sexes au même niveau. La révolte se met en marche lorsque notre maréchale, aux lignes 18 et 19, établit un modèle selon lequel les hommes respecteraient les femmes : « Soyez douces, complaisantes, attentives, économes. » Elle souhaite alors que les femmes soient décrites dans de jolis termes. C’est alors que la maréchale va utiliser toute sa force rhétorique, ce qui prouve son énervement sur la question (citer). Elle se donne ensuite en exemple à la ligne 21 : « ni lui ni moi ne promîmes d’obéir. » Par cette phrase, elle souhaite diffuser le modèle que son mari et elle renvoient. Le parallélisme entre les pronoms « lui » et « moi » les met sur le même pied d’égalité. Elle va ensuite rejeter les principes soi-disant féminins ; elle évoque en effet d’abord la maternité, puis les incommodités féminines, en des termes très crus. Nous pouvons relever le champ lexical de la douleur et de la mort : « malade » (l.23), « mortelle » (l.23), « douleurs » (l.24), « incommodités » (l.25), « désagréables » (l.25) ou encore « maladie » (l.26) et « mort » (l.27). De plus, elle rejette l’autorité masculine en faisant appel à l’argument de la nature : « la nature (…) n’a pas prétendu que l’union formât un esclavage » (l.29/30). Elle parle ici d’esclavage, ce qui rend les propos très forts. Par la suite, son énervement refait surface avec le retour de la question rhétorique ligne 33 : « il faudrait que je lui obéisse très humblement ? ». Cette interrogation est la preuve d’un rejet de la puissance masculine, qu’elle va associer à une puissance physique dans la suite du texte. Enfin, son argument prend fin aux lignes 36-37, où le verbe « prétendent », qui se rapporte aux hommes, montre que leur ego dresse une image personnelle éloignée de la réalité. A la ligne 30, l’expression « je leur montrerai des reines qui valent bien des rois » achève sa réflexion en prouvant que la femme est l’égale de l’homme.
[bilan de la partie] Cette femme souhaite donc faire avancer les mentalités, en éliminant l’idée de la supériorité masculine et en démontant les stéréotypes qui sont associés aux principes féminins.


[conclusion : réponse à la problématique] Ainsi, dans ce texte de 1768, Voltaire présente une femme révoltée face à la supériorité supposée des hommes. Dès cette époque, le besoin de changer les mentalités est le combat essentiel que défend cette femme, véritable porte-parole de Voltaire. [ouverture] Cependant, la question de la condition des femmes est un sujet ancestral que la Bible décrit déjà, dès la « Genèse », affirmant : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je lui ferai une aide semblable à lui ». Néanmoins, à la fin du passage, Dieu indique à la femme qu’elle sera soumise à son mari.


Il était possible d’ouvrir sur le combat d’Annie Leclerc qui, dans Hommes et Femmes, aborde elle aussi la question des principes dits « féminins », tels que l’accouchement, mais pour dire au contraire qu’il faut les valoriser, à l’inverse de ce que fait la maréchale.

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