jeudi 1 janvier 2015

Présentation d'Indiana, de George Sand



Paru en 1832, Indiana, le premier roman écrit par George Sand seule (et signé G. Sand), met en scène une jeune femme, élevée à l’île Bourbon (aujourd’hui la Réunion) et mariée avec un homme beaucoup plus âgé qu’elle, le Colonel Delmare, mari brutal et autoritaire qui ne la comprend absolument pas. L’héroïne se résigne car elle n’a pas le choix, mais garde néanmoins sa dignité : « Indiana était roide et hautaine dans sa soumission ; elle obéissait toujours en silence ; mais c’était le silence et la soumission de l’esclave qui s’est fait une vertu de la haine et un mérite de l’infortune. Sa résignation, c’était la dignité d’un roi qui accepte des fers et un cachot, plutôt que d’abdiquer sa couronne et de se dépouiller d’un vain titre » (III, 19).
Cependant, elle tombe sous le charme de Raymon, jeune homme séducteur et sans envergure, mais garde cette liaison platonique par respect de son mari. À la suite de revers de fortune, le colonel veut repartir à l’île Bourbon et contraindre sa femme à le suivre comme le Code Civil lui en donne le droit. Devant le refus de celle-ci, il l’enferme dans sa chambre. Cependant, croyant que le jeune homme veut faire sa vie avec elle, l’héroïne met en jeu son avenir et sa réputation et s’enfuit par la fenêtre en pleine nuit pour rejoindre Raymon. Mais celui-ci, lassé de l’amour d’Indiana, la repousse lâchement. Après avoir tenté de se noyer, elle est sauvée et ramenée par Ralph son cousin (qui l’aime en secret et la protège depuis l’enfance) et se trouve dans cette scène confrontée à son mari qui l’a fait chercher toute la matinée...
George Sand avoue dans Histoire de ma vie s’être sentie « humiliée d’être femme », humiliée par son statut civique d’éternelle mineure, par sa soumission à la loi des hommes, par l’absence de reconnaissance de ses talents intellectuels... Elle s’est librement inspirée de son propre mariage malheureux pour nous peindre en Indiana une femme-esclave qui se révolte contre son maître, et se montre également bien supérieure à son amant qui veut l’asservir aussi d’une autre façon ; comme elle le dit dans la Préface, « Indiana, [...] c’est un type ; c’est la femme, l’être faible chargé de représenter les passions comprimées, ou, si vous l’aimez mieux, supprimées par les lois ; c’est la volonté aux prises avec la nécessité ; c’est l’amour heurtant son front aveugle à tous les obstacles de la civilisation ». Le combat féministe de George Sand se situera essentiellement sur ce terrain conjugal : pour elle, l’égalité civique dans le mariage et le développement de l’éducation féminine sont le préalable aux droits politiques des femmes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire