(Jack Kerouac écrivant Sur la route)
Voici la copie de Martin L. (1e S1) ; la plan est l'un des plans possibles, vous pouviez choisir de traiter en deuxième partie uniquement de l'efficacité des genres fictionnels.
Le devoir n'est pas parfait, mais il est bien construit, la méthode (encore elle !) est rigoureuse, le plan et la réflexion sont clairs. J'ai revu un peu l'introduction...
[accroche] De grandes réflexions humaines sont
souvent au cœur des œuvres littéraires. Ces œuvres peuvent être basées sur la
vie de l’auteur, ou apparaître comme purement fictionnelles. [réécriture du sujet dans son intégralité] Une réflexion fondée sur l’expérience
personnelle de l’auteur semble-t-elle efficace pour traiter des grandes
questions humaines, telles que l’amour, le bonheur, ou encore la mort ?
[reformulation du sujet] Cette question nous
amène à nous interroger sur le rapport que l’auteur entretient à sa propre vie,
ses propres expériences, dans la création littéraire, lorsque celle-ci s’engage
dans les grands domaines de réflexion. Un lecteur sera-t-il davantage touché
par une histoire d’amour vécue réellement, ou par une construction fictionnelle
peut-être plus « parfaite » ? [problématique]
Ainsi, nous pouvons nous demander
si les réflexions littéraires portées par les genres de l’argumentation directe
se révèlent plus efficaces que celles engagées par les genres fictionnels. [annonce du plan] En premier lieu, nous verrons les
éléments qui font de l’argumentation directe un genre efficace, avant d’en
étudier les limites.
[Annonce de l’axe
et des sous-parties] Nous
verrons dans ce premier mouvement qu’une œuvre fondée sur l’expérience de
l’auteur peut se révéler efficace dans sa réflexion. En effet, (1) l’œuvre
bénéficie tout d’abord d’une
certaine légitimité ; (2) par
ailleurs, la réflexion menée peut être plus convaincante en raison de son
aspect réel. (3) Enfin, le genre
non-fictionnel est efficace grâce à la vérité indiscutable dont il est composé.
[1er
argument] Les genres « réels » possèdent une légitimité
qui les rende efficace. Le besoin que ressent l’auteur de partager son
expérience à travers son œuvre est justifiable et cela renforce l’impact sur le
lecteur. Par exemple, dans La Promesse de l’aube, Romain Gary mène des
réflexions sur la vie et la mort, qui sont légitimes en regard de sa vie
passée. Il en est de même pour Henri Barbusse dans Le Feu, où la guerre
et, à travers elle, la mort, sont abordées par un auteur ayant réellement vécu
dans les tranchées de 14-18. Ainsi, le vécu de l’auteur justifie sa réflexion
et la rend alors plus efficace.
[2e
argument] L’efficacité des œuvres inspirées du réel se traduit également par la force tirée de la
réalité. Le poème de Pierre de Ronsard, « Je n’ai plus que les os… »,
aborde le sujet de la mort en parlant de sa propre agonie, ce qui rend le
sonnet touchant et puissant, et alors plus efficace. De la même manière,
Franz-Olivier Giesbert, dans L’Américain, se base sur son expérience
personnelle pour évoquer la question de la famille, et la vie en général.
Diderot aborde également la notion de bonheur dans son essai Regrets sur ma
vieille robe de chambre, en fondant son récit sur sa propre vie. Ainsi,
l’expérience des auteurs apporte à leur réflexion une puissance, voire une
émotion qui la rendent plus efficace.
[3e
argument] Enfin, la
véracité d’une œuvre renforce l’impact du questionnement qu’elle contient. Cela
se traduit dans l’exemple du combat féministe : Annie Ernaux, dans La
Femme gelée, et Louise Weiss dans La Femme nouvelle sont deux
auteurs ayant mené des réflexions sur la femme et sa place dans la
société ; réflexions d’autant plus efficace qu’elles s’appuyaient sur des
événements appartenant à leur propre vie.
[bilan partie / transition] Ainsi, le caractère
véridique des œuvres se basant sur la vie de leurs auteurs peut les rendre plus
efficaces dans le cadre d’une réflexion sur les grandes questions humaines.
Cependant, les œuvres fondées sur l’expérience de l’auteur peuvent voir leur
efficacité limitée, au profit de genres appartenant à la fiction.
Nous allons à présent nous pencher sur les limites des genres de
l’argumentation directe, en
étudiant tout d’abord (1) le fait
que le genre « réel » peut être partial dans sa réflexion, ce qui
peut nuire à son impact. (2) De plus,
la dénonciation possible contenue dans une œuvre peut conduire à la
censure ; (3) enfin, il manque
parfois au genre plus direct un aspect plaisant et implicite, qui peut limiter
son efficacité.
Nous verrons en premier lieu que la prise de
parti de l’auteur peut nuire à l’impact de sa réflexion. Ainsi, Indignez-vous
de Stéphane Hessel exprime son opinion sur l’engagement et les valeurs du
combat, tout comme Les Justes d’Albert Camus. Mais l’œuvre de Camus peut
paraître plus efficace et influencer un plus large public, en raison de son
caractère fictionnel et plaisant. Le fait qu’un auteur prenne parti en son nom
au sein d’une réflexion peut donc réduire son efficacité, si son œuvre se base
trop sur son expérience personnelle, excluant de fait de nombreux lecteurs de
sa réflexion.
L’impact d’une œuvre que l’on qualifierait de
« réelle » est également diminué lors de dénonciations. Ainsi, le
« J’accuse » de Zola fut très critiqué par une partie de la
population française, et des auteurs comme Voltaire durent même fuir la France
la France à cause de pamphlets trop violents, par exemple contre la monarchie.
Au contraire, Les Lettres persanes de Montesquieu ne subirent pas la
censure, alors qu’elles contenaient elles aussi une forte dénonciation du
système monarchique en place, et des réflexions assez révolutionnaires sur la
société et sur l’homme. L’efficacité du questionnement mené par l’auteur à
partir de sa propre vie et en sa personne se trouve donc considérablement
réduite lorsque cette réflexion, condamnée par la censure, ne peut plus toucher
aucun lecteur.
Enfin, il peut manquer à l’argumentation
basée sur l’expérience personnelle de l’auteur un aspect plaisant qui
soutiendrait son impact. Des œuvres comme La Métaphysique des tubes
d’Amélie Nothomb ou L’Extase matérielle de Le Clézio traitent de sujets
comme le bonheur, la famille, l’amour ou Dieu. Ces réflexions profondes sont
néanmoins moins efficaces selon nous que Roméo et Juliette de Shakespeare, ou
Le Misanthrope de Molière, qui possèdent un aspect plaisant et dont la poésie
touchent la sensibilité du lecteur.
Ainsi, l’impact des réflexions menées par des
auteurs se basant sur leur expérience peut se trouver limité, au profit des
genres fictionnels qui possèdent une dimension plaisante et poétique plus
touchante.
[conclusion] L’auteur
peut donc choisir, pour mener sa réflexion au sein de son œuvre, de s’appuyer
sur sa propre expérience. En faisant ce choix, l’impact de son questionnement
peut se trouver renforcé par le caractère véridique et la légitimité de son œuvre.
Cependant, des éléments qui réduisent l’efficacité de se réflexion sont à
prendre en compte : la prise de parti ou la dénonciation peuvent ainsi
diminuer cet impact, et l’auteur peut alors privilégier les genres fictionnels,
qui véhiculent potentiellement plus d’émotions. Ces émotions peuvent être
positives, comme le rire chez Molière, ou négatives, comme chez Shakespeare.
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