I.
Simone de Beauvoir (1908/1986)
Etudes de lettres et de philosophie (reçue 2e à l’agrégation)
Enseigne quelques
années avant d’entamer une carrière littéraire en publiant des romans (Les Mandarins prix Goncourt 1954), des
écrits autobiographiques (Mémoires d’une
jeune fille rangée 1958), ou des
essais philosophiques comme Le 2e sexe,
qui suscite plusieurs mois de débat lors de sa parution (en particulier les
chapitres « L’initiation sexuelle de la femme » -1973-, « La
lesbienne » et « La maternité », dont les quinze premières pages
évoquent la dépénalisation de l’avortement -1975-, mais parle aussi du droit à
la contraception choisie -1967-).
Rappel des dates :
1967 : (28 décembre) la loi Neuwirth autorise la
contraception, mais la publicité en sa faveur reste interdite.
1971 : Manifeste des 343 signé par 343 femmes
déclarant avoir avorté.
1975 : la loi Veil dépénalise l'interruption
volontaire de grossesse
Dans cet ouvrage, S.
de B. analyse l’oppression des femmes par les hommes, à travers les faits
historiques et les représentations culturelles de la femme dans les mythes, les
œuvres d’art, etc.
Elle démontre que la condition des femmes n’est pas le
résultat de réelles données biologiques, qui les rendraient en quelque sorte
plus faibles que les hommes, mais d’une construction élaborée par la société
masculine à travers l’éducation ou les lois.
Selon elle, la
petite fille est conditionnée dès l’enfance à tout attendre de l’homme, à ne
s’épanouir que dans la séduction et le domestique, à ne voir d’accomplissement
pour elle que dans le mariage et la maternité. C’est ce que S. de Beauvoir
explique par l’une des phrases clés de l’œuvre : « On ne naît pas
femme : on le devient. »
II.
Annie Leclerc (1940/2006)
Eléments
biographiques sur l’auteur
Figure complexe du
féminisme de la seconde moitié du XXe siècle : professeur de philosophie
et écrivain, elle milite très tôt pour la liberté de la femme (signature du
manifeste des 343, rédigé par S. de B. en 1971 dans Le Nouvel Observateur).
Elle publie en 1974 Parole
de femme, où elle met en valeur l’exaltation du corps féminin, et le
plaisir lié par exemple à la maternité ou à l’allaitement ; elle y récuse
les valeurs typiquement masculines de force et de courage, qui aliènent, selon
elle, toute relation amoureuse.
Ainsi, ce livre
prend à contre pied les thèses du féminisme à la Beauvoir, qui considérait la
condition féminine comme une sorte de tare dont il fallait se libérer, pour
atteindre à la même condition que l’homme.
Annie Leclerc veut
au contraire combattre le mépris dans lequel la société tient tout ce qui
s’attache au féminin ; elle précise ainsi que la dévalorisation des tâches
maternelles ou ménagères n’est en fait qu’un concept purement masculin :
« ce n’est pas soigner sa maison, ou prendre soin de ses enfants qui est
dégradant, non absolument pas […]Si ce travail était perçu à sa juste valeur,
il ne serait plus ce boulet, cette oppressante humiliation de ne pas exister. »
Hommes et Femmes, 10 ans après, reprend cette thématique en insistant
sur l’idée que le risque d’un certain féminisme est de renier la féminité
elle-même : vouloir l’égalité à tout prix, et briguer le même statut que
l’homme, est encore une soumission aux valeurs masculines.
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