(Fragonard, Jeune fille jouant avec un chien)
Je vous propose la question sur corpus parfaitement rédigée par Claire S. (1e S1) à partir des textes de Crébillon et Sade. Vous remarquerez la grande rigueur méthodologique avec laquelle la réponse est construite ! La longueur de réponse pour une question sur corpus est très bien aussi.
Que cela vous serve d'exemple pour le DST de janvier !
[intro, qui comment par une accroche] La philosophie
matérialiste de Gassindi et la nouvelle remise en question de la religion a
donné naissance, au XVIIIe siècle, au libertinage de mœurs. [présentation rapide du corpus] Le corpus soumis à
notre étude propose un extrait de Lettres de la Marquise de M*** au Comte de
R*** publié en 1739 par Claude Crébillon et un extrait de La Philosophie
dans le boudoir écrit par le Marquis de Sade et publié en 1795. [question problématique] Nous pouvons nous
demander quelle définition du libertinage ces documents proposent.
[1er argument] Tout d’abord, on retrouve
de l’aversion pour la religion. En effet, dans le texte de Sade, la religion
est qualifiée deux fois « d’imbécile » et les chrétiens sont mis en
opposition avec « l’homme puissant ». en revanche, si les libertins
niaient l’existence de Dieu, ils se disaient dirigés par l’instinct. On retrouve
en effet l’évocation de la « nature » à quatre reprises dans le texte
de Sade et une fois dans le texte de Crébillon, avec, de plus, des expressions
comme « vous avez reçu de la nature » et « vous n’étiez pas fait
pour ». [bilan de l’argument] Les
libertins se posent ainsi en tant que victimes de leur instinct primitif. Ils ne
sont donc pas blâmables !
[2e argument] De plus, les libertins se
considèrent comme des être supérieurs. Le narrateur de La Philosophie dans
le boudoir se désigne ainsi comme « l’homme puissant » et « le
plus fort », et dans la lettre, la marquise de M*** se pose elle-même en
tant que « victime » et « objet dont vous êtes le maître ».
Dans le texte de Crébillon, le libertin semble être hautain envers la femme qu’il
a séduite, comme le montre le champ lexical de l’attachement : « empressements »,
« attentif », qui sont niés, et « indifférence ». [bilan de l’argument] Le libertin est donc
supérieur à ses conquêtes.
[3e argument] Enfin, l’aspect le plus
marquant du libertinage est la cruauté. On retrouve par exemple, dans le texte
de Sade, le verbe « délecter » à plusieurs reprises associé au nom « peine ».
on relève aussi les mots « cruelle » et « tourmenter » dans
le texte de Crébillon. Faire souffrir les autres semble être jouissif ; c’est
ainsi qu’à la souffrance est associé le champ lexical du plaisir : « délecter »,
« très grand plaisir » chez Sade, « passion », « plaisir »
et « jouir » chez Crébillon. [bilan de l’argument]
Ainsi, faire souffrir autrui est une jouissance chez le libertin. Sade fait même
l’éloge de la cruauté en affirmant qu’elle est naturelle !
[conclusion/bilan très rapide] Ces deux documents
montrent donc l’aversion des libertins du XVIIIe siècle pour la religion, l’influence
de la nature sur eux, leur orgueil et surtout leur cruauté.
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