lundi 22 décembre 2014
Que faire pendant les vacances ?
Pour ceux qui le souhaitent, et je le conseille vivement à ceux qui ont eu 08 ou moins au premier DST, vous pouvez, pendant les vacances, en plus des révisions pour les oraux, faire un ou plusieurs des exercices suivants, à me rendre à la rentrée (il faut que je puisse les corriger avant le prochain DST du samedi 24 janvier) :
Commentaire : Exercices 1 à 4 p.580/581 de votre manuel
Dissertation : exercices au choix dans les pages 594/595, vous pouvez ne rédigez qu'une des deux parties de la dissertation
Sinon, voici un sujet possible, dont vous trouverez le corrigé sur Internet. Je vous invite, si vous le souhaitez, à y réfléchir et à construire un plan détaillé ainsi qu'une introduction complète rédigée... sans vous aider du corrigé dans un premier temps !
Dans son Essai sur le roman, Georges Duhamel écrit : "Le but suprême du romancier est de nous rendre sensible l'âme humaine, de nous la faire connaître et aimer dans sa grandeur comme dans sa misère, dans ses victoires et dans ses défaites. Admiration et pitié, telle est la devise du roman."
Vous discuterez ce point de vue en vous inspirant des romans que vous connaissez.
mercredi 17 décembre 2014
ORAUX BLANCS : textes
Je vous redonne les liens vers les 6 textes que vous devez présenter à l'oral vendredi 19, qui sont les mêmes que pour les oraux blancs de janvier.
Vous avez droit en classe vendredi à vos versions surlignées, mais pas en janvier !
Vous trouverez aussi les fiches de séquences, qui récapitulent les connaissances à savoir pour chaque séquence.
N'oubliez pas de bien relire vos textes complémentaires.
Je vous mets le lien vers les textes de Vauquelin et Baudelaire pour la séquence sur Dom Juan ; la fin de la pièce de Tirso de Molina est dans vos livres.
Pour la séquence 2, celle sur Laclos, les textes de Crébillon et Sade sont en photocopies dans vos cours (je ne les ai pas scannés). Je vous renvoie vers le corrigé proposé dans cet article pour ces 2 textes complémentaires.
Il faudra imprimer tout ça en double exemplaire pour les oraux blancs, et pour le bac bien sûr !
A vendredi, bon courage à tous pour ces derniers jours
*
dimanche 14 décembre 2014
corpus libertinage : Crébillon et Sade
(Fragonard, Jeune fille jouant avec un chien)
Je vous propose la question sur corpus parfaitement rédigée par Claire S. (1e S1) à partir des textes de Crébillon et Sade. Vous remarquerez la grande rigueur méthodologique avec laquelle la réponse est construite ! La longueur de réponse pour une question sur corpus est très bien aussi.
Que cela vous serve d'exemple pour le DST de janvier !
[intro, qui comment par une accroche] La philosophie
matérialiste de Gassindi et la nouvelle remise en question de la religion a
donné naissance, au XVIIIe siècle, au libertinage de mœurs. [présentation rapide du corpus] Le corpus soumis à
notre étude propose un extrait de Lettres de la Marquise de M*** au Comte de
R*** publié en 1739 par Claude Crébillon et un extrait de La Philosophie
dans le boudoir écrit par le Marquis de Sade et publié en 1795. [question problématique] Nous pouvons nous
demander quelle définition du libertinage ces documents proposent.
[1er argument] Tout d’abord, on retrouve
de l’aversion pour la religion. En effet, dans le texte de Sade, la religion
est qualifiée deux fois « d’imbécile » et les chrétiens sont mis en
opposition avec « l’homme puissant ». en revanche, si les libertins
niaient l’existence de Dieu, ils se disaient dirigés par l’instinct. On retrouve
en effet l’évocation de la « nature » à quatre reprises dans le texte
de Sade et une fois dans le texte de Crébillon, avec, de plus, des expressions
comme « vous avez reçu de la nature » et « vous n’étiez pas fait
pour ». [bilan de l’argument] Les
libertins se posent ainsi en tant que victimes de leur instinct primitif. Ils ne
sont donc pas blâmables !
[2e argument] De plus, les libertins se
considèrent comme des être supérieurs. Le narrateur de La Philosophie dans
le boudoir se désigne ainsi comme « l’homme puissant » et « le
plus fort », et dans la lettre, la marquise de M*** se pose elle-même en
tant que « victime » et « objet dont vous êtes le maître ».
Dans le texte de Crébillon, le libertin semble être hautain envers la femme qu’il
a séduite, comme le montre le champ lexical de l’attachement : « empressements »,
« attentif », qui sont niés, et « indifférence ». [bilan de l’argument] Le libertin est donc
supérieur à ses conquêtes.
[3e argument] Enfin, l’aspect le plus
marquant du libertinage est la cruauté. On retrouve par exemple, dans le texte
de Sade, le verbe « délecter » à plusieurs reprises associé au nom « peine ».
on relève aussi les mots « cruelle » et « tourmenter » dans
le texte de Crébillon. Faire souffrir les autres semble être jouissif ; c’est
ainsi qu’à la souffrance est associé le champ lexical du plaisir : « délecter »,
« très grand plaisir » chez Sade, « passion », « plaisir »
et « jouir » chez Crébillon. [bilan de l’argument]
Ainsi, faire souffrir autrui est une jouissance chez le libertin. Sade fait même
l’éloge de la cruauté en affirmant qu’elle est naturelle !
[conclusion/bilan très rapide] Ces deux documents
montrent donc l’aversion des libertins du XVIIIe siècle pour la religion, l’influence
de la nature sur eux, leur orgueil et surtout leur cruauté.
mardi 9 décembre 2014
Devoirs et interro
Pour lundi 8 décembre
Répondre aux questions suivantes sur la lettre 81 (extrait distribué en classe) des Liaisons dangereuses, dans le cadre de la première séance de la séquence 3 sur la condition des femmes :
- Que cherche à cacher Mme de M. ? Pourquoi ? Repérez les différentes étapes de sa transformation.
- En quoi la « science » développée par Mme de M. lui est-elle utile ?
- Dans quelle mesure l’héroïne fait-elle son propre éloge ? analysez les procédés qui lui servent à affirmer sa puissance.
- En quoi la démarche de cette lettre va-t-elle à l’encontre du masque composé par Mme de M. ? Selon vous, pourquoi l’écrit-elle à Valmont ?
- Qu’apprend-on de la place de la femme au sein des élites sociales au XVIIIe siècle ?
Pour lundi 15 décembre :
Lire la Princesse de Montpensier (disponible ici), en vue d'une interrogation de lecture (comparative avec le film de Tavernier, qui sera visionné en partie vendredi 12)
Mardi 16 décembre :
Préparer la lecture analytique du texte 7, l'incipit de La Princesse de Montpensier (au dos de l'extrait de la lettre 81 des Liaisons dangereuses) en vue d'une présentation à l'oral en binôme, à la façon d'un cours. Vous pourrez vous demander quels sont les éléments qui se mettent en place dans cet incipit.
Vendredi 19 décembre :
Oraux blancs (1h30) et fin du visionnage de Tavernier
lundi 8 décembre 2014
dimanche 7 décembre 2014
Corrigé commentaire Beckett
Voici un petit mix de trois copies : celle de Julie B., de Thomas LCT et de Cédric A.
Seule la dernière sous-partie, qui porte sur l'aspect plus "philosophique" du texte, est de moi.
[accroche]
Les années soixante voient le déclin des Trente Glorieuses, entraînant ainsi
une vague de pessimisme face à l’incapacité des populations à se projeter dans
le futur. En littérature, tout le XXe siècle est marqué par des mouvements
littéraires nouveaux et expérimentaux, comme le surréalisme ou l’absurde. Ce
dernier mouvement connaît un grand succès au théâtre, notamment avec des
auteurs comme Ionesco, Adamov ou Beckett. [présentation de l’auteur et de
l’extrait] Samuel Beckett est un dramaturge moderne anglais qui
écrit en 1963 Oh les Beaux jours.
Notre commentaire se focalisera sur le début de l’acte I de cette pièce.
La didascalie initiale met en place deux personnages, Willie et Winnie, dans un
lieu apparemment inconnu et non identifié. Winnie prend longuement la parole,
avant que Willie ne la coupe. [problématique] Ainsi, nous pouvons nous demander
comment, par l’intermédiaire de la parole solitaire d’un personnage, le
dramaturge propose une vision pessimiste et absurde de la condition humaine. [annonce du
plan] Nous verrons d’abord en quoi ce faux
« monologue » est pathétique, avant de nous intéresser à la vision absurde
de la finitude humaine peinte par l’auteur.
***
[Rappel de
l’axe et annonce des sous-parties] Ce monologue fait figure d’appel à
la pitié. Ce côté pathétique est souligné par la solitude du personnage,
couplée à son besoin de sentir la présence de Willie qui l’accompagne, et il
est renforcé par le rythme lent du monologue.
[Annonce de
la sous-partie 1] Tout d’abord, ce monologue provoque la pitié, car
on sent un personnage esseulé. [argument 1 : étude d’un procédé
d’écriture avec citation du texte] Winnie aimerait être entendue par
Willie, mais ce dernier ne semble pas prêter une oreille attentive au discours
de sa femme, comme l’indique la répétition de négations restrictives couplées
aux verbes de parole et d’écoute : « n’entends pas » (l.3),
« n’entends rien » (l.4), « tu ne réponds pas » (l.6) ou
encore « tu ne parles pas » (l.7). [interprétation du procédé]
Ce manque de communication souligne la solitude du personnage de Samuel
Beckett. [nouvel argument] La solitude est aussi marquée par des propos
soulignant l’absence de vie alentours, comme le montrent les expressions
« sans âme qui vive qui entende » (l.2) ou « le désert » (l.8).
Cette dernière expression met en lumière la solitude de Winnie dans le texte,
en comparant le silence de Willie à une plaine désertique sans signe de vie. On
remarque aussi que Winnie en vient à se parler toute seule pour combler sa
solitude ; on relève ainsi à la ligne 7 le nom propre « Winnie »
et le pronom personnel « tu », associés à des verbes conjugués à la
deuxième personne du singulier : « tu te fais entendre »,
« tu ne parles pas toute seule ». Pourtant, il semble bien que ce
personnage soit seule face à elle-même, car Willie la laisse dans sa solitude.
[Annonce de
la sous-partie 2] En effet, Willie ne répond pas aux inquiétudes de
Winnie, ce qui lui fait éprouver une angoisse plus forte encore. Ainsi, elle
s’inquiète pour le jour où elle sera vraiment seule, comme le montre
l’expression « depuis le moment où ça sonne pour le réveil au moment où ça
sonne pour le sommeil » (l.13/14). Ce parallélisme de construction, bâti
sur l’antithèse entre réveil et sommeil, a pour effet d’insister sur le sentiment
de solitude qui dure du matin au soir. Cette peur d’être seule est liée chez
Winnie à la peur de la mort, qu’elle évoque à plusieurs reprises dans le texte,
par exemple avec le verbe « mourir » (l.10) ou le groupe nominal
« dernier soupir » (l.16).
[Annonce de
la sous-partie 3] Enfin, les nombreuses pauses effectuées entre
chaque phrase, pauses marquées par la répétition de la didascalie interne
« un temps », créent une certaine musicalité et ajoutent une
dimension pathétique au monologue de Winnie. Les didascalies des lignes 24 à 26
en particulier, ces hésitations dans l’attitude à adopter chez le personnage,
relèvent à la fois du comique de situation et du pathétique. Le personnage
semble réellement perdu, abandonné, ne sachant que dire ou faire pour que son
compagnon réagisse.
[bilan de
la partie et transition] On peut donc dire que ce monologue est
pathétique par l’idée de solitude, par la peur de Winnie d’être abandonnée, et
par le rythme lancinant qu’instaurent les didascalies. Ce pathétisme permet au
dramaturge de proposer une vision absurde de la condition humaine, comme nous
allons le voir à présent.
***
[Rappel de
l’axe et annonce des sous-parties] Tout au long de son monologue,
Winnie amène le spectateur à réfléchir directement ou indirectement à sa propre
condition humaine, par l’intermédiaire de son attitude incohérente, de son
rapport à Willie ou encore de la futilité qui semble la caractériser.
[Argument
1] Le personnage de Winnie est assez incohérent ; elle est en
effet capable de passer de la recherche de son peigne à un raisonnement sur la
nature humaine. On le remarque notamment dans l’accumulation de la ligne
23 : « On fait tout. Tout ce qu’on peut. Ce n’est qu’humain. Que
nature humaine. Que faiblesse humaine. Que faiblesse naturelle. » Ce
raisonnement se suit grâce au parallélisme d’une phrase avec la suivante, et
amène le personnage à constater la faiblesse de notre nature, notre fragilité,
liée entre autre à notre finitude. Mais Winnie repart aussitôt dans la
recherche de son peigne. Elle utilise alors deux antithèses, renforcées par un
parallélisme de construction, à la ligne 27 : « Pas trace de peigne.
Pas trace de brosse. Le peigne est là. La brosse est là. », qui traduisent
un comportement quelque peu irrationnel. De plus, alors que l’on s’attend à une
remise en question de Dieu à la ligne 38, alors que Winnie proclame « A
Dieu et à moi », elle ne semble finalement réfléchir qu’à la tournure de
la phrase (« Peut-on dire… ? »). Ainsi, Winnie semble représenter
ici l’Homme, capable de grande chose comme des plus futiles.
[Argument
2] La question de l’Homme, d’ailleurs, est mise en avant dans le
rapport qu’entretient Winnie avec Willie. En effet, même s’il ne dit qu’un mot,
Willie est très présent dans la scène, car constamment évoqué par Winnie. On
voit vite qu’elle a besoin de lui, dès la ligne 1, lorsqu’elle avoue « Si
seulement je pouvais supporter d’être seule ». Elle imagine la mort de son
compagnon et pense ne pas pouvoir y survivre, comme si Willie était sa seule
raison de vivre, « ce qui permet de continuer » (l.9). Winnie, encore
une fois, semble être le porte-parole de l’Homme, et énoncer notre peur de
vivre sans les autres, notre besoin d’être entouré pour affronter l’inquiétude
que représente notre finitude.
[Argument
3] En effet, c’est bien de cette inquiétude de la mort dont il est
question dans le texte de Beckett, et de l’absurdité de notre condition
humaine, nous qui venons au monde pour finalement le quitter. Ainsi, l’espace
et le rapport non réaliste des personnages à cet espace est une métaphore d’une
vie engluée dans le non-sens, ce que prouvent aussi bien la didascalie initiale
que la photographie de la mise en scène de Jean-Louis Barrault l’année de la
création de la pièce. De plus, comme souvent dans le théâtre de Beckett, les
personnages semblent être des figures assez grotesques représentant une
humanité sans espoir, qui se contente de passer le temps en attendant la mort
(l.12/14). En effet, nous pourrions nous demander, comme Winnie, « que
faire ? ». Cette question met en évidence la limite de l’action
humaine, son inutilité. « Il y a si peu qu’on puisse faire, ce n’est
qu’humain. Que faiblesse humaine… » Les formules restrictives révèlent
bien notre incapacité à échapper à la mort. Nos actions sont dérisoires, comme
le prouvent, de manière symbolique, toutes les actions qu’effectue Winnie avec
son sac à main, à la recherche des objets qu’il contient, tous utiles pour
préserver sa beauté. Mais à quoi bon ? Un jour, comme l’annonce Willie,
elle aussi dormira sous le mamelon de terre, s’étant tue. Enfin…
[bilan de
la partie] Ainsi, le dramaturge, par l’intermédiaire d’un personnage
agissant de manière illogique en apparence, nous livre-t-il une vision
pessimiste et absurde de la condition humaine.
***
[conclusion] Notre étude nous a donc amenés à
étudier l’aspect pathétique de ce faux monologue, dans un extrait qui s’achève
sur l’injonction de Willie à se taire. Les paroles et les gestes parfois incohérents
de Winnie semblent traduire la vision absurde et pessimiste de Beckett quant à
notre condition humaine. Beckett nous présente une pièce où le dialogue
semble devenir impossible. Parler ne revient plus à communiquer et Willie se
contente par instants de grogner pour répondre à sa femme. Parler devient alors
une activité qui maintient en vie en attendant l’enlisement complet qu’est la
mort. [ouverture] Ionesco lui aussi, autre auteur du théâtre de
l’absurde, écrira une pièce sur cette peur de mourir inhérente à l’Homme, Le
Roi se meurt, parue l’année précédant Oh les Beaux jours.
Question sur corpus / 1e ES1
Conseils méthodo
- Commencer par une accroche sur le thème commun, pas sur la présentation du corpus.
- Pas de « texte 1 », « texte 2 »...
- Pas de rappel des dates d’écriture des textes, surtout pour les comparer.
- La question posée doit être reprise telle quelle dans votre introduction. Se demander « Pourquoi les hommes sont seuls », ce n’est pas la même chose que se demander « Que cherche à montrer le théâtre contemporain de la condition humaine en utilisant le monologue ? »
- Interpréter les textes, ne pas les étudier dans la précision de leurs procédés d’écriture (rôle du commentaire littéraire).
- La photographie de la mise en scène n’est pas suffisamment, ou pas bien analysée.
Sur ce corpus précisément
- Le corpus vous imposait de vous interroger sur la notion de "monologue", que vous avez été beaucoup trop peu à questionner.
- Un seul d'entre vous a précisé qu'il ne s'agissait pas réellement de monologues, vu que les comédiens n'étaient pas vraiment seuls en scène. Ce qui donne à ces tirades l'aspect de monologue, c'est que les trois personnages semblent se parler à eux-mêmes, ils n'obtiennent pas de réponse à leur discours. Ils parlent comme "dans le vide". Cela aurait été pertinent de vous interroger sur ce point, au moins pour le dire en introduction de la question sur corpus.
- La question vous amenait à vous interroger sur l'image de la condition humaine que proposent ces "monologues" ; en d'autres termes, comment les Hommes sont-ils présentés dans ces textes, quels sont leurs sentiments, qu'éprouvent-ils, que cherchent à dire les auteurs de la condition de l'Homme ?
Ici, il était impossible de passer à côté de la notion de solitude, inhérente à tous les extraits. Vous auriez également pu vous attarder sur le côté pathétique de l'Homme proposé par les textes. Enfin, il aurait été intéressant (certains l'ont fait) de vous intéresser à la peur de mourir, d'être abandonné, de ne plus être entouré par d'autres Hommes. Ce qui peut se traduire par un puissant désir de vivre et de communiquer, au moins chez Winnie (Beckett) et chez Leslie (Koltès).
Corrigé de la question
La copie de Julie B. très, très peu modifiée
Le
théâtre contemporain remet en question la condition humaine et critique aussi
la société dans laquelle nous vivons. Le corpus soumis à notre étude est
constitué d’extraits des pièces Oh les Beaux jours de Samuel Beckett, Papa
doit manger de Marie N’Diaye et Sallinger de Bernard-Marie Koltès.
Le corpus propose aussi une photographie de la mise en scène de Oh les Beaux
jours par Jean-Louis Barrault, représentée en 1963. Toutes ces pièces sont
parues au XXe siècle, hormis celle de M. N’Diaye, publiée en 2003, et proposent
des scènes constituées de faux « monologues », des personnages se
parlant à eux-mêmes dans de longues tirades. Nous pouvons donc nous demander ce
que cherche à montrer le théâtre contemporain de la condition humaine par le
monologue.
La
solitude, sentiment renforcé par l'usage du monologue, tient une grande place dans ces textes. Winnie, dans la pièce de Samuel Beckett, à
travers un monologue introspectif, montre qu’elle se sent très seule. Elle
utilise le pronom personnel « je » de très nombreuses fois, et
affirme ne pas pouvoir supporter « d’être seule » (l.1). Cette idée
est renforcée par le champ lexical de la mort, comme on le voit ligne 10
« mourir », ou ligne 16 « dernier soupir ». Le personnage de
Leslie dans Sallinger se sent lui aussi très seul après la mort de son
frère. Il veut « entendre une autre respiration, écouter un autre cœur qui
bat » (l.12). Ce besoin de contact humain révèle chez ce personnage une
grande solitude. L’extrait de Papa doit manger diffère quant à lui par le
contexte. En effet, le personnage seul dans ce texte est le père qui a
abandonné sa famille. Cette solitude se caractérise par l’aspect physique,
comme le prouvent les expressions « face détruite » (l.5), « maigre »
(l.6), ou encore « pauvre » (l.7).Enfin, la photographie de la mise
en scène de Oh les beaux jours présente une femme seule, confinée dans
un mamelon de terre. Le fait qu’elle soit enfermée insiste sur le fait qu’elle
est seule. Ces textes présentent donc une véritable solitude ressentie par de
nombreux personnages.
Néanmoins,
elle est contrastée par une réflexion sur la vie et sur l’envie de vivre très
présente. Winnie, le personnage de Samuel Beckett, réfléchit sur sa vie sans
Willie : « Qu’est-ce que je ferai » (l.11/12), mais souligne son
envie de vivre, assimilée à celle de parler, à la ligne 9 : « ce qui
permet de continuer ». Leslie, dans la pièce Sallinger, fait preuve
d’une envie de vivre très marquée, qui se caractérise par une violence qui semble
parfois même être de la folie. En effet, il dit vouloir « aboyer »
(l.6), « sortir mon flingue » (l.6), « courir dehors »
(l.8). Les personnages de ces différents textes proposent ainsi une véritable
réflexion sur la vie et sur la condition humaine.
En
conclusion, on peut dire que la solitude ressentie par ces trois personnages
est souvent accentuée par une réflexion sur la vie en général, et sur le désir
de vivre en particulier. Le théâtre contemporain cherche donc à montrer le
contraste par lequel les être humains sont habités.
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